Tình thái ngôn ngữ và các phương tiện biểu đạt tình thái ngôn ngữ trong tiếng Pháp
Bài báo đề cập đến các vấn đề cốt lõi về tính tình thái trong ngôn ngữ. Từ việc phân tích định
nghĩa của các nhà ngôn ngữ học, tác giả đã đưa ra quan điểm của mình về tình thái ngôn ngữ. Bài
báo cũng đề cập đến các loại hình tình thái ngôn ngữ với những cái nhìn khác nhau của các nhà
ngôn ngữ trên thế giới. Tuy nhiên, về các phương tiện biểu đạt tình thái, các nhà ngôn ngữ đều
thống nhất có các phương tiện biểu đạt chủ yếu sau: phương thức sử dụng từ vựng, phương thức
sử dụng từ pháp-cú pháp, phương thức sử dụng ngữ điệu. Trong mỗi phương thức này có nhiều
phương tiện để biểu đạt các giá trị tình thái ngôn ngữ
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11KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 12 - 3/2018 LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH v TRẦN THỊ MINH THỤC* *Học viện Khoa học Quân sự, ✉ minhthuctran067@gmail.com Ngày nhận bài: 12/9/2017; ngày sửa chữa: 14/10/2017; ngày duyệt đăng: 20/02/2018 1. DEFINITION Les réalités de terrain montrent bien que les définitions sur la modalité sont relativement nombreuses et différentes de façon importante. La modalité est un domaine qui concerne différents faits de langue et fait toujours l’objet des polémiques linguistiques. Si on aborde les définitions “larges”, la modalité est l’attitude du sujet parlant vis-à-vis du contenu propositionnel de l’énoncé. La modalité inclura alors le nécessaire, le possible, l’irréel, le potentiel... En revanche, si on choisit les définitions “étroites”, TÌNH THÁI NGÔN NGỮ VÀ CÁC PHƯƠNG TIỆN BIỂU ĐẠT TÌNH THÁI NGÔN NGỮ TRONG TIẾNG PHÁP La modalité linguistique et ses moyens d’expression en français TÓM TẮT Bài báo đề cập đến các vấn đề cốt lõi về tính tình thái trong ngôn ngữ. Từ việc phân tích định nghĩa của các nhà ngôn ngữ học, tác giả đã đưa ra quan điểm của mình về tình thái ngôn ngữ. Bài báo cũng đề cập đến các loại hình tình thái ngôn ngữ với những cái nhìn khác nhau của các nhà ngôn ngữ trên thế giới. Tuy nhiên, về các phương tiện biểu đạt tình thái, các nhà ngôn ngữ đều thống nhất có các phương tiện biểu đạt chủ yếu sau: phương thức sử dụng từ vựng, phương thức sử dụng từ pháp-cú pháp, phương thức sử dụng ngữ điệu. Trong mỗi phương thức này có nhiều phương tiện để biểu đạt các giá trị tình thái ngôn ngữ Từ khoá: phương thức biểu đạt, phương thức từ vựng, phương thức từ pháp-cú pháp, phương thức ngữ âm, tình thái ngôn ngữ on voit la modalité l’expression du “nécessaire” et du “possible” c’est-à-dire le sémantisme des verbes devoir et pouvoir. La théorie de C. Bally (1943, p.3) affirme que tout énoncé communique une pensée et comprend deux composantes: le dictum, correspondant au contenu représenté, à ce qui est dit du monde de référence, et le modus, correspondant à l’attitude exprimée par l’auteur de l’énoncé. Dans la perspective pragmatique, le dictum correspondrait au contenu propositionnel et le modus à la force illocutoire de l’énoncé. 12 KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 2 - 3/2018 v LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH E.Roulet (1989) précise ce qu’il faut entendre par la modalité: “Je définirais la modalité comme une marque du point de vue de l’énonciateur portant sur l’ensemble d’une proposition, ce qui exclut du champs des modalités le vocabulaire axiologique lorsqu’il a une portée locale, interne à la proposition”. Quant à L.Cervoni (1987) “La notion de modalité implique l’idée qu’une analyse sémantique permet de distinguer, un dit (appelé parfois “contenu propositionnel”) et une modalité - un point de vue du sujet parlant sur ce contenu” De son côté, N. Le Querler dans “Typologie des modalités” (1996, p.41) pose la notion d’attitude constative ou informative du locuteur pour ainsi exclure l’assertion simple des marqueurs de modalités: “Je proposerai comme définition de la modalité: expression de l’attitude du locuteur par rapport du contenu propositionnel de son énoncé ”. Les quelques définitions rappelées ci- dessus développent donc le dictum vs le modus de C. Bally (1943) respectivement en d’autres termes ou notions: la représentation, le contenu propositionnel, le dit vs le point de vue, l’attitude, la position. Il en résulte que la conception sur cet élément de l’énoncé est faite de manière hétérogène qui amènera certainement à des typologies différentes. Quant à nous, nous partirons de la définition large de la modalité, selon laquelle la modalité apparaît dans un énoncé comme étant des moyens langagiers qui expriment l’attitude du locuteur au contenu propositionnel de son énoncé. 2. TYPOLOGIE DE MODALITÉS La classification de modalité est très différente d’un auteur à l’autre, celle qui dépend du point de vue de chacun sur la modalité. P. Charaudeau (1992) propose trois types de modalités: les modalités allocutives, les modalités élocutives et modalités délocutives. D’après ce linguiste: + Les modalités allocutives impliquent locuteur et interlocuteur, et précisent la manière avec laquelle le locuteur impose un propos à l’interlocuteur: - Je vous propose de faire une trêve de quelques heures pour réfléchir à une solution négociée. + Les modalités élocutives n’impliquent pas l’interlocuteur dans l’acte locutif. Elles précisent la manière dont le locuteur relève sa position vis-à- vis du propos qu’il énonce; Je remarque qu’il a parlé le premier. Je n’ignore pas qu’il est obligé de se cacher. + Les modalités délocutives sont déliées du locuteur et de l’interlocuteur. Le propos émis existe en soi, et s’impose aux interlocuteurs dans son mode de dire Assertion ou discours rapporté. Il est évident que Paul viendra. Il lui a répondu qu’il avait tort de s’inquiéter. Chez A. Culioli (1976, pp.69-73), la modalité se présente comme suit: + La modalité 1: Assertion, interrogation, injonction. + La modalité 2: Probable, vraisemblable, possible, éventuel. + La modalité 3: Appréciatif. + La modalité 4: “Intersubjectif”, e volitif, déontique, permissif. Dans une approche énonciative, on distingue les modalités d’énonciation et les modalités d’énoncé: 13KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 12 - 3/2018 LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH v + Les modalités d’énonciation marquent “l’attitude énonciative” du sujet de l’énonciation “dans sa relation à son allocutaire” (M. Riel, 1994, p.580). Elles se traduisent par différents types de phrases: assertif, interrogatif ou injonctif. + Les modalités d’énoncé marquent “son attitude vis-à-vis du contenu de l’énoncé” (of. cit., 1994, p.580). Elles expriment la manière dont l’énonciateur apprécie le contenu de l’énoncé. De nombreux linguistes approuvent la classification des modalités en trois groupes: + Les modalités objectives marquent une prise de position sur un étant ou un possible/ probable relevant d’une fluctuation effective de la réalité du monde. Cette modalité objective reflète une stabilité ou une fluctuation qui est celle du monde, et la rapporte. Elles se répartissent en deux sous - catégories: Les modalités ontiques qui impliquent simplement un jugement de vérité: Il est (déjà/toujours) venu, il vient, il va venir, je (te) dis qu’il vient, j’affirme qu’il vient, j’annonce qu’il vient, je t’assure qu’il vient, j’atteste qu’il vient, j’assume qu’il vient, il s’avère qu’il vient, j’avoue qu’il va venir, le fait est qu’il vient, je confirme sa venue, je postule sa venue, je déchiffre qu’il va venir, je décrète qu’il va venir, je déclare qu’il va venir, je divulgue qu’il va venir, j’écris qu’il vient, je crie qu’il vient, je glapit qu’il vient, je prétexte sa venue, je te préviens qu’il vient, je te répète qu’il vient, je te signale qu’il vient, je mentionne qu’il vient, je tais sa venue. Les modalités aléthiques qui fluctuent autour du caractère vrai, faux, incertain du fait présenté dans l’énoncé. L’engagement du sujet parlant y est implicite: Il est possible qu’il vienne, il devrait venir, il est probable qu’il vienne, il est improbable qu’il vienne, il est envisageable qu’il vienne, il va bien venir, il va certainement venir, Il va peut-être venir, il viendra sans doute, il viendra sûrement, il y a de bonnes chances qu’il vienne, il se peut qu’il vienne, il se pourrait qu’il vienne, il peut encore venir, viendra/viendra pas. + Les modalités subjectives marquent une fluctuation du savoir ou de la prise de parti du sujet énonciateur. Le modulo de type épistémique/ appréciatif porte sur des éléments du monde dont la stabilité (ou l’instabilité) ne sont pas en cause. C’est la relation du sujet à ceux-ci qui l’est. On trouve dans cette rubrique deux sous- catégorisations suivantes: Les modalités épistémiques englobent aussi le vrai, le faux et l’incertain mais à la différence des modalités aléthiques, le fait est ici explicitement évalué par le sujet parlant. En d’autres termes, la présence de celui-ci est manifestée: je crois qu’il vient, je doute qu’il vienne, j’ignore s’il vient, je sais qu’il vient, je confirme qu’il vient, je prétends qu’il vient, je m’aperçois qu’il va venir, je découvre qu’il va venir, j’apprends qu’il va venir, je discerne qu’il va venir, j’envisage sa venue, j’oublie s’il va venir, je prédis qu’il va venir, je prévois sa venue, je vérifie qu’il vient Les modalités appréciatives ou encore axiologiques/expressives qui jugent le fait en termes de bon, mauvais, normal: je me réjouis qu’il vienne, je regrette qu’il vienne, j’aime qu’il vienne, j’apprécie qu’il vienne, je comprends qu’il vienne, je condamne sa venue, je critique sa venue, je crains qu’il vienne, je désire qu’il vienne, j’appréhende qu’il vienne, il est étrange qu’il vienne, il est regrettable qu’il vienne, il est (in)opportun qu’il vienne, il est malencontreux qu’il vienne, il vient, parfait, il vient, dommage + Les modalités intersubjectives marquent un complexe entre la réalité objective à être et la prise 14 KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 2 - 3/2018 v LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH de parti de l’énonciateur à son sujet. La modalité intersubjective, déontique/volitive, est la plus susceptible d’engager des rapports avec le faire et/ ou le faire faire. Modalités volitives qui manifestent le désir et/ ou la volonté: je veux qu’il vienne, je refuse qu’il vienne, j’accepte qu’il vienne, je m’attends à ce qu’il vienne, j’admets qu’il vienne, j’approuve qu’il vienne, j’autorise qu’il vienne, je décide qu’il va venir, j’endosse sa venue, je choisis qu’il vienne, je concède qu’il vienne, je conçois qu’il vienne, je plaide pour sa venue, je réclame sa venue, j’exige sa venue, je préfère qu’il vienne, faites-le venir. Modalités déontiques régissant l’obligation (la nécessité), la permission et l’interdiction: il doit venir, il se doit de venir, il faut qu’il vienne, il est capital qu’il vienne, il est nécessaire qu’il vienne, c’est très important qu’il vienne, il ne peut pas ne pas venir, il est mieux de venir, il a intérêt à venir, qu’il vienne. Comme nous l’avons commenté plus haut, le déontique correspond à ce que “je” crois être nécessaire en sachant que ce n’est pas, et que ce n’est même peut-être pas désirable (-Je dois prendre cette aspirine). Le volitif correspond à une visée endossée. C’est une aspiration pour ce qui sera. Ce qui ne sera pas ou ne sera plus ne relève pas du volitif. Comparer: Je veux une pomme (volitif) et J’aurais voulu lui parler (appréciatif portant sur un irréel révolu). On notera que ces deux modalités peuvent être ramenées à invoquer l’intersubjectivité. Pour cette division, le problème consiste à ce qu’elle donne lieu à beaucoup de confusions par des formes et que l’on ne peut voir la frontière entre dictum et modus et de même objectivité et subjectivité. D’où le scepticisme quant à la pertinence de la notion de modalité. Un exemple suffira:aux termes de cette catégorisation, on peut attribuer à la forme “- Elle peut faire un stage à Grenoble” une modalité déontique parce il s’agit tout d’abord une permission (on lui a permis de faire un stage à Grenoble), une modalité volitive implicitement conçue par un des sens du verbe pouvoir (elle souhaitait faire un stage et maintenant elle a pu réaliser ce rêve), une modalité ontique ou assertive parce que ça peut aller si l’énonciateur asserte simplement l’évènement (il constate qu’elle fait maintenant un stage à Grenoble) et enfin une modalité d’énonciation (phrase assertive). La distinction entre l’aléthique et l’épistémique semble encore plus fragile car l’objectivité, la neutralité, la subjectivité, l’implicite ou l’explicite sont des notions déjà abstraites au point que l’on ne peut pas dans tous les cas préciser nettement comment est l’engagement du sujet parlant. Pourtant, dans le présent article, nous observons strictement la typologie de la grammaire énonciative pour découvrir les moyens d’exprimer la modalité. Nous réalisons toujours qu’un énoncé peut très bien se pencher entre les deux types de modalité ou encore entre leurs sous- catégorisations. On doit tenir compte toujours des contextes pour bien comprendre de quel(s) type(s) de modalité il est question et éventuellement s’il existe tous les deux quel est le dominant. 3. EXPRESSION DE LA MODALITÉ L’énoncé porte souvent des marques du locuteur, qui communique ses sentiments et ses opinions. Le locuteur peut également marquer la prise de position sur l’information qu’il rapporte: signaler que l’information n’est pas sûre (marque de probabilité); ajouter une appréciation positive ou négative. Ses moyens d’expression sont nombreux: l’intonation, l’accent, la typographie, la ponctuation, certains types de phrase, des verbes d’opinion et de jugement, certains adverbes, certaines figures de style. La prise de distance de l’émetteur vis-à-vis de son énoncé peut se faire avec le conditionnel, ou par des phrases qui 15KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 12 - 3/2018 LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH v citent plus ou moins précisément les sources de l’information. Il est à noter que nous utilisons le terme modalisateur, dans notre travail, pour désigner le moyen d’exprimer la modalité. 3.1. Expression de la modalité au moyen des modalisateurs lexicaux Le choix de tel ou tel mot contribue énormément à exprimer l’attitude du locuteur à l’égard de ce qu’il dit c’est-à-dire une nuance de modalité. Nous allons maintenant les examiner de près. 3.1.1. Expression de la modalité au moyen des noms + Expression de la modalité au moyen des noms dérivés Dans sa thèse, Nguyen Ngoc Luu Ly (2008) a remarqué que les mots lexicaux expriment cette fine expressive plus nettement que les mots grammaticaux. En effet, les premiers sont la plupart des mots complexes, donc on peut y ajouter un affixe de sens mélioratif ou péjoratif pour exprimer le sentiment. De fait, les suffixes – ard ou – asse expriment quelque chose de quiproquo envers le concept utilisé. Prenons l’exemple: - Il s’est fait renverser par un chauffeur (1) Vs Il s’est fait renverser par un chauffard (2) Dans la première phrase, le chauffeur peut être un bon conducteur mais à cause de quelque chose d’impartial qu’il a causé l’accident et on le voit avec sympathie. Tandis que dans la seconde, on le juge comme un conducteur irresponsable et dangereux et on exprime le mépris envers lui en utilisant le suffixe - ard. Donc, le suffixe contribue énormément à l’expression de l’attitude du sujet parlant à l’égard de son énoncé. + Expression de la modalité au moyen des noms affectifs ou évaluatifs Le choix d’un mot dans le discours dépend beaucoup de l’émotion du locuteur car il existe des synonymes mais rarement des synonymes parfaits dans tous les cas. Il s’agit des noms simples avec nuances affectives en fonction du registre de langue. Prenons un exemple pour illustrer ce qui vient d’être dit: gueule (langue familière) Vs bouche (langue courante). Ces deux noms sont des synonymes mais on ne peut pas les remplacer mutuellement dans tous cas de communication car l’emploi de ces noms dépend de la relation des locuteurs. En effet, on peut très bien dire: “Ferme ta gueule!” pour formuler une colère ou une menace, mais on ne peut pas dire: “Ferme ta bouche!”. 3.1.2. Expression de la modalité au moyen des adjectifs Le locuteur peut exprimer son jugement, positif ou négatif, sur l’information qu’il donne. Cette modalité s’exprime par l’adjectif employé. Examinons l’exemple: - Cette ville est magnifique. - Cette ville est jolie. - Cette ville est moche. Les phrases ci-dessus montrent bien que les nuances de sentiment du locuteur vis-à- vis de “cette ville» étendent graduellement selon l’adjectif utilisé. 3.1.3. Expression de la modalité au moyen des adverbes Il existe bien des adverbes qui reflètent l’opinion de l’énonciateur et qui participent ainsi à la modalisation du discours. Ces adverbes assurent le rôle de complément de phrase tels que certainement, probablement, peut- être ou plus généralement celui des compléments circonstanciels: à mon avis, en toute franchise... Certains adverbes indiquent que l’énoncé est une probabilité ou une certitude. C’est le cas des adverbes suivants: certainement, évidemment, 16 KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 2 - 3/2018 v LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH manifestement, possiblement... Comparons les deux phrases ci- dessous: - Cet automobiliste a une conduite à risque (1) - Certainement, cet automobiliste a une conduite à risque (2) La première phrase est une phrase neutre, une phrase de nature descriptive, on ne reconnaît pas l’opinion du locuteur envers le procès. Tandis que dans la deuxième phrase, phrase modalisée, on la trouve nettement grâce à l’adverbe certainement. D’autres adverbes indiquent au lecteur le jugement de l’auteur ou son appréciation. C’est le cas des adverbes suivants: amicalement, bizarrement, étrangement, idéalement, malheur eusement, sincèrement... Prenons un exemple: - Idéalement, j’aimerais que vous retourniez le coupon-réponse d’ici la semaine prochaine. - J’aurais aimé le joindre mais, étrangement, il ne se trouvait pas au bureau. Il est important de souligner qu’il y a des adjectifs employés comme adverbes qui gardent toujours leurs sens primitifs, tandis que leurs adverbes dérivés manifestent fortement les valeurs modales à l’énoncé (juste/justement, vrai/ vraiment, heureux/heureusement). Prenons l’exemple suivant: - Il parle vrai. (Vrai dans cette phrase signifie de façon franche, sincère). - Vraiment, il est incorrigible (Vraiment est employé pour renforcer l’affirmation de l’énonciateur) 3.1.4. Expression de la modalité au moyen des interjections Les interjections expriment un sentiment spontané plus ou moins intense de celui qui parle. On peut mentionner quelques-uns: Ah marque l’étonnement, exige une explication ou signifie l’incrédulité: - C’est Corneille, vous savez, qui a écrit les pièces de Molière! - Ah? Cette interjection marque aussi la satisfaction de voir se produire un événement espéré attendu avec impatience et inquiétude - Ah! Voilà le coureur du Marathon! L’interjection Euh exprime le doute. Elle se dit en penchant légèrement la tête de côté, en abaissant les commissures des lèvres et en levant les sourcils. - Euh! Tu crois vraiment que c’est vrai? 3.1.5. Expression de la modalité au moyen des verbes Comme les autres parties du discours, le verbe ou la construction verbale est un modalisateur qui aide énormément le locuteur à exprimer les différents degrés sentimentaux: opinion, probabilité, jugement, certitude Il faut souligner que dans cette partie, nous analysons les modalités exprimées par le sémantisme lui- même du verbe. - Paul doit arriver pour le dessert. (1) - Marie peut oublier l’heure de réunion. (2) - Cette chance paraît inespérée. (3) - Je crois savoir qu’il a déjà invoqué ce prétexte (4) Dans les trois premières phrases, le locuteur signale que l’information qu’il donne n’est pas certaine en utilisant les verbes modaux Pouvoir, Devoir et le verbe Paraître. Dans la quatrième, le sujet parlant donne son avis par le verbe Croire. 17KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 12 - 3/2018 LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH v 3.2. Expression de la modalité au moyen des modalisateurs morphosyntaxiques Le temps du verbe en français est une source abondante pour exprimer l’attitude du locuteur. Dans le cadre du présent article, nous ne voulions que faire une présentation sommaire sur le sujet et nous le détaillerons dans un autre article. Le temps du présent n’exprime pas seulement l’action en cours d’accomplissement mais aussi l’éventualité et l’impératif. Considérons l’exemple suivant: - Un pas de plus, il tombe. (s’il fait un pas de plus, il tombera) - Tu veux descendre, hein! Quant au passé composé, il peut servir à exprimer la vérité: - L’oncle est mort en 1969. En français, les formes flexionnelles du verbe telles que le morphème “- ait” de l’imparfait, “- a” du futur, la combinaison entre les morphèmes du futur et de l’imparfait dans les formes du conditionnel jouent considérablement le rôle des modalisateurs. Prenons l’exemple: - Je voulais vous demander un service. Comme vous le savez, la grammaire traditionnelle a longtemps laissé croire que les temps grammaticaux exprimaient fondamentalement une référence au temps “chronologique”. Alors, on disait volontiers la règle suivante “l’imparfait c’est hier”. Mais, dans cet énoncé, valeur dominante de l’imparfait n’est pas la valeur temporelle ni la valeur aspectuelle mais la valeur modale. On dit dans ce cas, c’est l’imparfait de politesse. Comme les autres langues, certains types de phrase en français, en particulier les phrases assertives, les phrases exclamatives et les phrases interrogatives (quand elles posent de fausses questions) sont des moyens efficaces pour exprimer le vouloir dire du locuteur. Par exemple, un garçon fait la cour à une jeune fille. Il veut l’inviter à se promener mais il n’ose pas le lui dire directement. Après un long temps d’hésitation, il lui dit: “Il fait beau dehors”. Cette phrase est purement une phrase assertive pourtant dans ce contexte, ce garçon ne l’utilise pas pour la description du temps mais pour proposer une invitation “Alors, nous nous promenons!”. 3.3. Expression de la modalité au moyen des modalisateurs phonétiques Les objets d’étude de la prosodie sont l’intonation, l’accentuation et tous les procédés qui permettent d’indiquer à l’auditeur l’interprétation qui doit être faite du continuum sonore. Il est naturel que dans la parole, les différents phénomènes prosodiques ne soient pas dissociés mais il existe des indices qui permettront à l’auditeur de savoir exactement quelle interprétation il doit donner à cette suite de sons. 3.3.1. Expression de la modalité au moyen de l’accent D’après I.Fónagy (1980), l’accent concerne “le relief plus ou moins grand donné à l’expression d’un certain contenu de pensée ou d’émotion sans que se trouvent altérées les nuances psychologiques de ce contenu” (cité par NGUYEN Thi Binh Minh). Pour les autres linguistes, l’accent est une proéminence d’énergie articulatoire qui se réalise par une augmentation physique de longueur, d’intensité et éventuellement de fréquence en passant de syllabes inaccentuées et/ou au cours de l’évolution de la syllabe accentuée. En français, pour manifester son attitude, le locuteur peut prendre en charge l’accent d’expressif (accent d’insistance) qui se caractérise par la souplesse et la mobilité. C’est-à-dire on peut imposer l’accent à n’importe quelle syllabe d’un mot pour exprimer ses différentes nuances de sentiment, d’émotion. 18 KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 2 - 3/2018 v LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH Par exemple, dans un énoncé tel que C’est ma maison!, le locuteur peut mettre accent sur la syllabe /ma/ pour insister sur la possession: C’est ma maison, C’est pas ta maison ou sur/mε/ pour insister sur l’objet présenté: C’est ma maison, c’est pas ma villa. 3.3.2. Expression de la modalité au moyen de l’intonation Il nous faut dire que les différentes formes d’appréciation du locuteur qui s’effacent le plus souvent à l’écrit peuvent être exprimées à l’aide de ce moyen. Plusieurs études montrent que l’intonation joue un rôle énorme dans l’expression de la modalité. En effet, on peut transmettre une grande diversité d’émotion par de petites différences d’intonation. Comparons l’exemple: - Mes pantoufles! - Je voudrais mes pantoufles! Dans le premier énoncé, c’est l’intonation qui tient lieu de modus. Cet énoncé montre bien le pouvoir expressif de l’intonation. Le deuxième énoncé a moins d’expressivité intonative que le premier qui est plus ambigu du point de vue de l’intention, il pourrait signifier Mais tu portes mes pantoufles ou quoi? ou bien Apporte-moi mes pantoufles! ou bien, Oh j’ai abîmé mes pantoufles! et ce n’est que l’intonation qui marque la modalité, dans le premier cas, surprise indignée, dans le deuxième injonction. 3.4. Autres modalisateurs Quelques expressions mettant à distance information donnée sont des moyens immanquables pour montrer la position du locuteur envers l’événement. En effet, dans certains énoncés, le locuteur peut signaler qu’il ne prend pas la responsabilité de l’affirmation. Il signale que le contenu de celle-ci est, au contraire, à mettre au compte d’une tierce personne (de type Selon des sources, D’après Monsieur X, Selon vous, Si l’on suit ce raisonnement). - Selon certains, cet automobiliste roule trop vite. - Si l’on suit ce raisonnement, cet automobiliste roule trop vite. Une telle classification des modalisateurs montre bien que la modalité est une notion très hétérogène qui couvre différents faits linguistiques./. Notes: Vous trouverez ci-dessous la traduction des modalités qui sont fréquentes en vietnamien. Les modalités d’énonciation: Tình thái của hành động phát ngôn. Les modalités d’énoncé: Tình thái của phát ngônLes modalités ontiques: Tình thái xác nhận Les modalités aléatiques: Tình thái xác tín Les modalités épistémiques: Tình thái nhận thức Les modalités appréciatives/expressives: Tình thái đánh giá/biểu cảm Les modalités volitiques: Tình thái ước nguyện Les modalités déontiques: Tình thái trách nhiệm Bibliographie: 1. Bally C. (1943), “Syntaxe de la modalité explicite”, Cahier Ferdinand de Chaussure 3, Genève, Droz, pp.3-13. 2. Cervoni L. (1987), Énonciation, PUF, Paris. 3. Charaudeau P. (1993), Grammaire du sens et de l’expression, Hachette, Paris. 4. Culioli A. (1990), Pour une linguistique de l’énonciation, Opération et représentation, Tome 1, Edition OPHRUS, Paris. 19KHOA HỌC NGOẠI NGỮ QUÂN SỰSố 12 - 3/2018 LÝ LUẬN CHUYÊN NGÀNH v 5. Fónagy I. (1980), “L’accent en français: accent probabilitaire”, L’accent en français contemporain, Studia phonética 15, Fónagy.I et Léon.P, Didier, pp.123-233. 6. Nguyen Ngoc Luu Ly (2008), Enseignement- Apprentissage de l’expression des valeurs modales en classe de FLE chez le public vietnamien, Thèse de doctorat de l’Université Nationale de Hanoï, Hanoï. 7. Le Querler N. (1996), Typologie des modalités, Presses Universitaires de Caen, Caen. 8. Riel M., et autres. (1994), Grammaire méthodique du français, PUF. 9. Tran Thi Minh Thuc (2012), Enseignement des courbes intonatives exprimant les valeurs modales en français aux étudiants vietnamiens, Thèse de doctorat de l’Université de Hanoï, Hanoï. LINGUISTIC MODALITY AND MEANS OF EXPRESSING MODALITY IN FRENCH TRAN THI MINH THUC Abstract: This article mentions on core issues of linguistic modality. From analysing the definition of linguists, the author has presented his/her point of views about linguistic modality. The article also mentions various types of linguistic modality; due to different views on types of linguistic modality, its classification varies. Regarding means of expressing modality, however, all linguists agreed on the following major means: Lexical expression, Auxiliaries, Verbal Morphology. In each mode, there are many means of expressing linguistic modality. Keywords: means of expressing, lexical expression, morphology-syntax expression, phonetic expression, linguistic modality. Received: 12/9/2017; Revised: 04/10/2017; Accepted for publication: 20/2/2018
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